Today's Conversation on Arendt

Stephanie:

Arendt définit la liberté par l'action ("être libre et agir ne font qu'un"). Il n'existe de liberté que politique. L'action est la réalisation effective, l'incarnation de la liberté. Or, l'action se situe dans le domaine des affaires humaines, qui est fondamentalement contingent, de sorte qu'il est impossible de maitriser les conséquences de ses actes. Où situer la responsabilité? Comment assumer les conséquences de ses actes, si on ne peut pas les connaitre?
Auries tu une idée de passages de textes où Arendt répondrait à ce problème??

Leo:

La responsabilité, face à des conséquences qu'on ne peut prévoir, peut s'imaginer comme sur le mode judiciaire sous la forme de règles appliquées à quelqu'un selon la gravité de ses actes.

Homicide involontaire ou homicide volontaire tombent sous le coup de la loi chacun avec des sanctions différentes mais bien réelles. La responsabilité dont il s'agit ici est une responsabilité civile.

Mais cela va plus loin que le concept de responsabilité civile. Les règles appliquées à une personne dépendent plus généralement du code moral de la civilisation à laquelle elle appartient. Les règles qui sont appliquées sont fondamentalement différentes d'une région à l'autre de la planète. Et cela prouve qu'il est très difficile de répondre de manière univoque à la question "faut -il ou non faire subir à quelqu'un qui a commis involontairement une action mauvaise pour un individu ou un groupe d'individu un châtiment et si oui lequel?".

La diversité des réponses possibles répond à la diversité de la notion de bien et de mal.

La responsabilité morale, purement morale, pourrait je pense être appréhendée comme une suite d'épreuves auxquelles l'esprit de l'individu est soumis au cours de sa vie. Donc dans la mesure où la responsabilité morale de l'individu le pousse à la culpabilité qui est un cas particulier du sentiment de compassion, la responsabilité morale sculpte la relation de la personne avec son environnement humain , et donc avec l'autre.

Donc pour des actes dont les conséquences étaient imprévisibles c'est la structure même, le noyau dur de la relation à l'autre que la responsabilité morale permet de mieux connaître.